Suite à une ordonnance datée du 13 avril 2020 émise par le gouvernement indien, Maurice est désormais à nouveau considérée comme un pays éligible aux fins de l'enregistrement en tant qu'investisseur de portefeuille étranger de catégorie I ("FPI") en vertu du règlement SEBI (Foreign Portfolio Investors), 2019 (« Règlement FPI »). Le SEBI avait précédemment publié une circulaire datée du 7 avril 2020 par laquelle il permettait aux juridictions qui ne sont pas membres du Groupe d'action financière (« GAFI ») mais « de tout pays spécifié par le gouvernement central par une ordonnance ou au moyen d'un accord ou traité avec d'autres gouvernements souverains… » pour être considéré comme éligible à une licence FPI de catégorie I. Conformément à l'arrêté du 13 avril 2020, Maurice est donc le premier pays à avoir été identifié comme tel.
Maurice est l'un des plus gros investisseurs en Inde et cette évolution ne peut être considérée que comme très positive dans la mesure où elle place Maurice au même niveau que les membres du GAFI. En février 2020, le GAFI avait de manière assez surprenante classé Maurice sur la liste des juridictions sous surveillance accrue, et cela avait été une cause majeure de préoccupation pour les investisseurs et les gestionnaires de fonds en ce qui concerne l'éligibilité des entités mauriciennes à obtenir des licences FPI.
Pour saisir pleinement l'importance des implications de l'ordonnance ci-dessus, il est pertinent de comprendre la différence entre les différentes catégories de licences FPI disponibles pour les investisseurs en Inde. Les fonds des juridictions du GAFI sont éligibles à l'enregistrement en tant que FPI de catégorie I, tandis que les fonds basés dans des juridictions non membres du GAFI sont éligibles à l'enregistrement en tant que FPI de catégorie II (sauf si le gestionnaire de ces derniers est lui-même enregistré en tant que FPI de catégorie I). Par conséquent, suite à la publication du GAFI en 2020, un fonds basé à Maurice pourrait être enregistré en tant que FPI de catégorie II en Inde.
L'une des principales différences entre les deux catégories est que pour les FPI de catégorie II, les bénéficiaires effectifs ultimes sont tenus de partager leur preuve d'identité dans le cadre du processus KYC, contrairement aux FPI de catégorie I.
En outre, les FPI de catégorie II n'ont pas accès aux instruments dérivés offshore, c'est-à-dire aux instruments qu'un FPI est habilité à émettre à l'étranger contre des titres qu'il détient et qui sont cotés à la Bourse indienne. C'est l'une des prérogatives des FPI de catégorie I, en plus de bénéficier des avantages fiscaux liés aux transferts indirects d'actions.
En effet, il convient de noter qu'en vertu des lois fiscales indiennes, les revenus provenant du transfert d'actions d'une entité étrangère tirant leur valeur d'actifs sous-jacents en Inde sont imposables car il s'agit d'un transfert indirect d'actions indiennes. Cependant, ces dispositions ne s'appliquaient pas aux investissements détenus dans des FPI de catégorie I et II jusqu'à l'entrée en vigueur de la loi de finances indienne de 2020 modifiant les lois fiscales indiennes pour exonérer uniquement les investissements détenus dans des FPI de catégorie I. Les fonds mauriciens avec des gestionnaires d'investissement mauriciens ont bénéficié d'un sursis dans la mesure où la loi de finances prévoyait une clause d'antériorité de l'exonération relative aux investissements détenus dans des FPI de catégorie I et II enregistrés avant septembre 2019.
Par conséquent, cet arrêté du gouvernement indien vient en aide aux FPI basés à Maurice et permettra aux futurs fonds d'investissement enregistrés à Maurice de détenir des investissements dans des titres indiens. Pour les FPI de catégorie I et II immatriculés avant septembre 2019, ils continueront de bénéficier des avantages susmentionnés.
Dans l'intervalle, la Commission des services financiers de Maurice travaille activement avec le GAFI pour traiter les points d'action restants pendant la période de « surveillance accrue ».
Il est important de noter que, conformément aux dispositions de la convention fiscale entre l'Inde et l'île Maurice, l'Inde a un droit basé sur la source pour imposer les gains résultant du transfert d'actions. Dans le cas où les transferts sont qualifiés de plus-values, ces dernières ne devraient être imposables qu'à Maurice.
En ce qui concerne les revenus d'intérêts, à condition que leur bénéficiaire effectif réside à Maurice, l'impôt indien ne doit pas dépasser 7,51 TP2T des intérêts bruts payés. Ceci est soumis aux fonds franchissant les obstacles de la règle générale anti-évitement ("GAAR") pour être éligibles à des taux d'imposition inférieurs en vertu de la convention.
Article compilé par Dev Erriah, Managing Partner du cabinet membre mauricien Chambres d'Erriah.